La parole à… Jean-Noël Blanc.

La parole à… Jean-Noël Blanc.

Jean-Noël Blanc

Il m’arrive très frĂ©quemment d’Ă©changer avec la clientèle des deux boutiques et, au fil des annĂ©es, des liens se tissent. C’est ainsi que nos comptons parmi nos (très) fidèles clients M. Jean-NoĂ«l Blanc. Ă‰crivain et sociologue stĂ©phanois passionnĂ© de vĂ©lo (et de chocolat), il a eu l’immense gentillesse d’Ă©crire le texte qui suit spĂ©cialement pour nous. 

En cette pĂ©riode Ă©trange de confinement, je vous laisse sans plus attendre apprĂ©cier sa prose gourmande et bienveillante…

Parfois je me dis qu’on devrait Ă©lever un monument aux chimistes : quelque chose comme une sculpture faite de cornues, d’éprouvettes, de coupelles diverses et de centrifugeuses, avec une sĂ©rie de becs Bunsen pour l’éclairage.

Ou plutĂ´t non : Ă  la rĂ©flexion je crois qu’il serait mieux d’enregistrer leurs propos savants et de les diffuser par haut-parleurs de façon Ă  ce que toute la population connaisse le bonheur d’entendre Ă  longueur de journĂ©e des mots aussi enthousiasmants que thĂ©obromine, flavonoĂŻdes et mĂŞme phĂ©nylĂ©thylamine.

On objectera que l’emploi de ces termes-là est réservé à des domaines très particuliers de la chimie, et que seuls quelques spécialistes s’en occupent. Eh bien c’est parfait puisque ce sont précisément ces bienfaiteurs-là que je veux célébrer.

 Je rĂ©serverai donc mes louanges Ă  ceux qui chantent les vertus des polyphĂ©nols guillerets et de certains alcaloĂŻdes plus ou moins mutins, parce qu’ils nous apprennent comment lutter contre le cholestĂ©rol de mauvaise allure et les Ă©pouvantables radicaux libres, tout en nous invitant Ă  partager un Ă©tat de bien-ĂŞtre qui ne court pourtant pas les rues tous les jours.

En un mot, pour être très clair, je tiens à saluer chapeau bas les chimistes qui nous vantent les bienfaits de la dégustation du chocolat.

Qu’on s’entende bien : il n’est ici question que de chocolat noir, puisque l’adjonction de lait risque fort d’inhiber les molĂ©cules actives. Et Dieu sait qu’elles regorgent de qualitĂ©s, ces fameuses petites molĂ©cules qui s’activent de toutes leurs forces pourvu qu’on les tienne Ă  l’écart du lait. Grâce Ă  elles, il n’est plus question que de d’actions psychostimulantes, d’effets antitumoraux, de baisse de la pression sanguine, d’amĂ©lioration de l’humeur et des performances intellectuelles.

Les chimistes deviennent alors intarissables. A les entendre, manger du chocolat s’apparente Ă  un combat Ă©pique contre les forces du mal : on imagine dĂ©jĂ  les flavonoĂŻdes ferrailler contre le mauvais cholestĂ©rol ou Ă©difier dans la muqueuse intestinale un rempart pour le système immunitaire, on se figure les antioxydants ratatiner les radicaux libres (avec trois fois plus d’efficacitĂ© que le thĂ© vert ou le vin rouge), on s’exalte aux exploits de la cafĂ©ine qui mobilise nos rĂ©serves de graisse, on applaudit enfin aux attaques de la thĂ©obromine qui ose porter le fer contre certains effets des tumeurs.

On n’en finirait plus de glorifier le chocolat noir. C’est un bienfait, c’est un bonheur, c’est un trésor. Les vitamines s’y bousculent en récitant l’alphabet (A, C, D, E) quand elles ne jouent pas à la bataille navale (B1,BE), les minéraux y exercent leur art dans la plus ardente générosité (potassium, calcium, magnésium, fer, sodium, manganèse), et je ne sais plus quelles bestioles chimiques conjuguent leurs efforts pour stimuler l’intelligence et répandre le bien-être et l’euphorie comme la première endorphine venue.

On souffle même, avec la discrétion nécessaire de celui qui sait le très appétissant danger de ce qu’il va révéler, que le chocolat noir exercerait des vertus aphrodisiaques.

RĂ©sumons : l’amour multipliĂ©, les maladies affaiblies, l’humeur rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e, l’exil infligĂ© aux maux souterrains, la matière grise revigorĂ©e, en un mot la santĂ© revenue et la fĂ©licitĂ© instituĂ©e, tels sont les bonheurs procurĂ©s par le chocolat.

Voilà pourquoi je chante les chimistes qui nous enseignent de si belles leçons, et voilà pourquoi j’aime devenir savant dans une telle matière lorsque je vais faire ma provision de chocolat noir et d’allégresse sous les Arcades stéphanoises.

Jean-Noël Blanc

Merci 1000 fois pour cette si délicate attention et à très bientôt !

Vous pouvez retrouver ses créations et actualités sur le site internet de jean-Noël Blanc.